L'histoire étrange de Pisei qui dit être une princesse réincarnée
elodie
le 06/06/2011 à 01:08 Citer ce message
D ans la petite maison de bois, une foule compacte dessine un cercle autour d'une femme d'une cinquantaine d'années et d'une petite fille endimanchée aux lèvres légèrement maquillées. Bombardée de questions par l'assistance avide, la fillette répond tantôt avec assurance, tantôt par un silence accompagné d'un balancement de la tête. "Pour-rais-tu reconnaître tous les membres de la famille royale?", demande l'un. "Si l'on me mène au Palais, oui, je le pourrais car ce sont les membres de ma famille", lance Pisei avec une étrange assurance. "Connais-tu le langage royal?", s'enquiert un autre. Et Pisei de réciter quelques mots appartenant à la langue de la cour, au grand étonnement des jeunes et moins jeunes rassemblés là. Durant quelques jours, la maisonnette n'a pas désempli. Depuis qu'une scène pour le moins curieuse a été rapportée par la presse. C'était le 26 octobre. Ce jour-là, un kathen est organisé par la famille royale à la pagode Arunvortey sous la présidence de la reine Monineath. Soudain, émergeant de la foule qui accueille les hautes personnalités, Pisei se précipite vers le prince Ranariddh, et, s'agenouille devant lui en l'appelant "Grand frère". C'est ainsi qu'éclate au grand jour le secret de Pisei : elle se dit la réincarnation de la princesse Botum Bopha, fille du roi Sihanouk et de la princesse Sisowath Pongsanmoni. Selon différentes sources, la princesse Botum Bopha aurait disparu en 1976 sous le régime des Khmers rouges. Pour sa mère et son entourage proche, voilà qui n'est pas nouveau. Agée aujourd'hui de neuf ans, Pisei aurait, aux dires de sa mère, manifesté dès le septième mois de sa vie les premiers signes d'un comportement singulier. "Le 14 novembre 1991, sans raison apparente, elle a ri presque toute la journée, jusqu'à minuit. C'était le jour du retour du roi à Phnom Penh...", assure cette dame qui couve du regard son phénomène de fille. A l'âge d'un an et demi, Pisei aurait pour la première fois ressenti une étonnante attirance pour la fleur de lotus. "Je l'avais assise sur la terrasse, face à l'étang: Elle a pointé du doigt un lotus. Nous sommes alors allés cueillir les fruits et les feuilles. Mais elle n'en a pas voulu. Alors, nous lui avons présenté une fleur. Elle l'a saisie, en a ôté les pétales et mangé le cœur!", poursuit la mère, voyant dans ce désir profond à l'égard de la fleur sacrée le signe d'une destinée magique. Vérités ou affabulations, de multiples anecdotes brossent le portrait d'une fillette qui, dès qu'il est question de la famille royale, fait montre d'attitudes déconcertantes. "Pong", se serait-elle ainsi exprimée à l'apparition, un jour de 1993, à la télévision du prince Chahkrapong. "`Tu es si petite, comment peux-tu reconnaître le prince?', a rétorqué la voisine chez qui elle se trouvait à ce moment-là. Alors ma fille s'est mise à pleurer". Deux ans plus tard, Pisei commence à parler. Et, oh surprise, elle aurait employé spontanément des mots du langage de cour. Pour la mère, c'est le déclic : "à partir de ce moment-là, j'ai pensé à une réincarnation". Dès lors, son entourage dit la considérer comme la réincarnation de la princesse Botum Bopha, allant même jusqu'à l'inscrire sous ce nom à l'école. "Quand elle a eu l'âge d'entrer en primaire, je lui ai dit de renoncer à ce nom. Elle a été d'accord, refusant toutefois de porter le nom de mon mari", relève la mère. Dans les jours qui ont suivi la révélation par la presse de l'existence de Pisei et de ses prétendues inspirations, nombre de visiteurs ont convergé vers son petit village. De simples curieux mais aussi d'autres qui assurent avoir connu la princesse Botum Bopha. A ceux-ci, la fillette égrène, d'une voix fatiguée, le récit de quelques épisodes de ce qui aurait été son autre vie. Au détour d'une phrase jaillissent quelques noms, quelques lieux. Parfois, un trou dans son récit. Elle ne sait plus. Elle a oublié, dit-elle. Et tout d'un coup, s'éloignant sans l'ombre d'une hésitation de l'histoire officielle de la princesse, elle détaille le sort qu'elle aurait connu... après le régime de Pol Pot, avant de décéder en 1987 à Phnom Penh des suites d'une maladie. Le plus ahurissant est que, au diapason des assertions de Pisei, certains de ses visiteurs y vont de leur souvenir, avec moult détails, sur cette période. Comme si subjugués par cette petite fille à l'allure étonnement adulte qui vient de manger devant eux un cœur de lotus, ils entraient en communion avec un phénomène auquel il leur plaît de croire. Aujourd'hui, la fièvre est un peu retombée dans la maisonnée. Mais à côté du flot de confidences aussi étranges soient-elles que cette affaire n'a pas manqué de susciter, les réflexions acerbes ont également fusé. Et d'aucuns ont crié haut et fort que tout cela n'était que supercherie, accusant la mère d'être une voyante ayant appris mot à mot à sa fille la litanie qu'elle récite à longueur de journée. "On m'accuse à tort et à travers. Pendant que tous ces gens sont venus, je n'ai pas pu travailler. Mais il aurait été impoli de les chasser!", s'offusque la mère, assurant être totalement désintéressée. "Je ne convoite rien. La vérité sort de la bouche des enfants", plaide-t-elle. Mais, comme si toute cette histoire l'avait dépassée, elle aspire à retrouver sa tranquillité d'an-tan avec à ses côtés Pisei et ses rêves de princesse.
L'esprit de Pol Pot ne serait-il pas mort? Il ne se passe pas un jour qui n'apporte son lot de violences, d'injustices dans une ambiance d'indifférence aussi épaisse qu'un brouillard londonien. Comment parler de démocratie dans une société de laxisme, de passe-droits, où le peuple fait si peu de cas d'une femme enceinte qu'il la laisse mourir comme un chien? (...) Il s'est passé ce jeudi 11 novembre un incident regrettable (...) Je revenais par la route de Pochentong quand quelques centaines de mètres avant le carrefour de Toul Kork, j'aperçus une personne gisant étendue de tout son long en travers de la chaussée, de l'autre côté de la route, la tête reposant sur la ligne médiane. (...) Pris au dépourvu, influencé probablement par l'indifférence générale, je continuais ma route durant quelques temps. (...) Les autres par leur apathie m"`autorisaient" à suivre mon chemin. Les autres le font, donc, c'est permis, n'est-ce pas? Je suis tout excusé... La vie de cette femme était en danger. Il n'était pas possible d'hésiter plus longtemps. L'indifférence des autres ne peut me servir de prétexte afin de me soustraire à mes responsabilités. (...) [En retournant sur place], j'aperçus un tas de vêtements sur la chaussée, exactement au même endroit. Les véhicules ralentissaient, faisaient un crochet mais personne ne daignait s'arrêter. (...) J'ai parqué ma voiture. Je me suis dirigé vers la femme sous le regard interloqué des badauds. Visiblement, cette personne était enceinte. Il ne s'agissait pas d'une vie mais de deux. Je pris la femme dans mes bras et la portais dans la voiture. Elle était légère comme une plume. Non seulement cette femme avait risqué de mourir écrasée, mais en plus, elle était sur le point de mourir de faim. Elle est tombée avec son enfant dans le ventre, exténuée. Elle s'est traînée sur la chaussée, soit afin d'attirer l'attention des gens, soit, simplement, pour en finir dans un monde où pour beaucoup de gens, il fait de plus en plus difficile de vivre. J'ai été invité par certains à déposer cette femme dans l'herbe sur l'accotement comme un vulgaire paquet. Pourquoi, bon Dieu, cette crainte de rendre service aux autres? (...) Peur de perdre un peu de temps? Peur que cette dame soit porteuse de maladie? Peur d'être obligé de payer? (...) Dans la voiture, la femme a balbutié quelques mots. Je l'ai conduite à l'hôpital. J'appris qu'elle s'appelait Sok Sokumthea et venait de la région de Prey Veng. Selon les médecins, elle devait accoucher dans la nuit. (...) J'ignorais que j'étais aussi faible. J'ai été à un doigt de commettre la même faute que les milliers de personnes qui sont passées à côté sans intervenir. Mais une fois ma décision d'intervenir prise, j'ai éprouvé la plus grande joie de mon existence
L'esprit de Pol Pot ne serait-il pas mort? Il ne se passe pas un jour qui n'apporte son lot de violences, d'injustices dans une ambiance d'indifférence aussi épaisse qu'un brouillard londonien. Comment parler de démocratie dans une société de laxisme, de passe-droits, où le peuple fait si peu de cas d'une femme enceinte qu'il la laisse mourir comme un chien? (...) Il s'est passé ce jeudi 11 novembre un incident regrettable (...) Je revenais par la route de Pochentong quand quelques centaines de mètres avant le carrefour de Toul Kork, j'aperçus une personne gisant étendue de tout son long en travers de la chaussée, de l'autre côté de la route, la tête reposant sur la ligne médiane. (...) Pris au dépourvu, influencé probablement par l'indifférence générale, je continuais ma route durant quelques temps. (...) Les autres par leur apathie m"`autorisaient" à suivre mon chemin. Les autres le font, donc, c'est permis, n'est-ce pas? Je suis tout excusé... La vie de cette femme était en danger. Il n'était pas possible d'hésiter plus longtemps. L'indifférence des autres ne peut me servir de prétexte afin de me soustraire à mes responsabilités. (...) [En retournant sur place], j'aperçus un tas de vêtements sur la chaussée, exactement au même endroit. Les véhicules ralentissaient, faisaient un crochet mais personne ne daignait s'arrêter. (...) J'ai parqué ma voiture. Je me suis dirigé vers la femme sous le regard interloqué des badauds. Visiblement, cette personne était enceinte. Il ne s'agissait pas d'une vie mais de deux. Je pris la femme dans mes bras et la portais dans la voiture. Elle était légère comme une plume. Non seulement cette femme avait risqué de mourir écrasée, mais en plus, elle était sur le point de mourir de faim. Elle est tombée avec son enfant dans le ventre, exténuée. Elle s'est traînée sur la chaussée, soit afin d'attirer l'attention des gens, soit, simplement, pour en finir dans un monde où pour beaucoup de gens, il fait de plus en plus difficile de vivre. J'ai été invité par certains à déposer cette femme dans l'herbe sur l'accotement comme un vulgaire paquet. Pourquoi, bon Dieu, cette crainte de rendre service aux autres? (...) Peur de perdre un peu de temps? Peur que cette dame soit porteuse de maladie? Peur d'être obligé de payer? (...) Dans la voiture, la femme a balbutié quelques mots. Je l'ai conduite à l'hôpital. J'appris qu'elle s'appelait Sok Sokumthea et venait de la région de Prey Veng. Selon les médecins, elle devait accoucher dans la nuit. (...) J'ignorais que j'étais aussi faible. J'ai été à un doigt de commettre la même faute que les milliers de personnes qui sont passées à côté sans intervenir. Mais une fois ma décision d'intervenir prise, j'ai éprouvé la plus grande joie de mon existence