Que pensez vous de l'affaire Roman Polanski
- Par Le Guide De La Critique
- Le 29/06/2011
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Roman Polanski (né le 18 août 1933 à Paris) est un réalisateur de cinéma, producteur et scénariste franco-polonais, également comédien, ainsi que metteur en scène de théâtre et d'opéra[1],[2]. Il a notamment réalisé Répulsion, Cul de sac, Le Bal des vampires, Rosemary's Baby, Chinatown, Le Locataire, Tess, Le Pianiste et plus récemment The Ghost Writer.
Biographie
Enfance : de Paris au ghetto de Cracovie[modifier]Raymond Roman Liebling[3] est né le 18 août 1933 à Paris, d'un père peintre et juif polonais, Ryszard Liebling, et d'une mère d'origine russe, Katz Bula Liebling. Roman Polanski vit à Paris jusqu'à l'âge de quatre ans. Il passe ensuite son enfance en Pologne avec sa demi-sœur Annette. Pour des raisons de prononciation, il se fait rapidement appeler Roman (ou Romek) Polański[3].
Après l'invasion de l’ouest de la Pologne par les troupes allemandes en septembre 1939, il vit dans le ghetto de Cracovie et évite la déportation, contrairement à ses parents et à sa sœur. Sa mère, enceinte, meurt à Auschwitz. Échappé du ghetto, il se réfugie à la campagne chez des fermiers avant de revenir à Cracovie où, devenu vagabond, il détourne la vigilance allemande et arrive à survivre grâce à l'entraide clandestine avec des habitants et d'autres enfants, et grâce au marché noir. Il a alors 10 ans. Il ne revoit son père qu'après la guerre, lors de son retour du camp de Mauthausen[3].
Débuts artistiques
C'est après la guerre dans les camps de scouts qu'adolescent il découvre sa vocation d'artiste et de comédien prise peu au sérieux par son père. En 1946, il intègre la troupe de la Joyeuse Bande, destinée à enregistrer des spectacles radiophoniques à coloration communiste pour les enfants. Deux ans plus tard, après une audition, il est choisi pour le rôle principal du Fils du régiment. Il y interprète un jeune paysan, coqueluche de l'Armée rouge et prisonnier des Allemands durant la guerre. La pièce devient, au fil des représentations, un triomphe national[3].
Ce succès lui ouvre les portes d'une carrière de comédien. En 1949, il rate sa maturité (bac polonais), mais entre à l’École des beaux-arts grâce à ses talents de dessinateur. Il en est renvoyé un an plus tard[3]. En 1953, il rencontre Andrzej Wajda, jeune auteur encore méconnu, qui le dirige dans Génération et devient son ami[3].
En 1955, Polański est reçu au concours de l'École nationale de cinéma de Łódź où il réalise huit courts métrages remarqués à l'international. En 1958, il gagne plusieurs récompenses pour Deux hommes et une armoire et épouse, dans cette période, l'actrice principale de la majorité de ses films courts : Barbara Kwiatkowska dont il divorce quatre ans plus tard.
Le Couteau dans l'eau : naissance, découverte et succès d’un jeune réalisateur venu de Pologne[modifier]En 1962, il réalise son premier long métrage, Le Couteau dans l'eau, co-écrit avec Jerzy Skolimowski et dont la musique est composée par Krzysztof Komeda (mort en 1969). Il y met en scène les rapports de forces entre un journaliste sportif brutal et un étudiant arrogant sur un voilier. Le film est mal accueilli en Pologne bien qu'il ne soit pas un réquisitoire explicite du mode de vie socialiste. Mais il fait planer un climat d'insécurité et laisse en suspens l'idée de tension sociale et de lutte de classes que les régimes communistes prétendent avoir abolie. Après un succès international et un prix obtenu à la Mostra de Venise, Le Couteau dans l'eau est projeté officiellement au Festival de New York puis se voit choisi pour faire la couverture du Time magazine. Il reçoit également une nomination à l'Oscar du meilleur film étranger, qui lui échappe au profit de 8 1/2 de Federico Fellini.
Sollicité de toute part, Polanski s'installe à Londres où il réalise un thriller ayant pour thème central la schizophrénie : Répulsion, avec Catherine Deneuve. L'année suivante, il se rend en Irlande afin d'y tourner une comédie proche du théâtre de l'absurde : Cul-de-sac, interprétée par Donald Pleasence et Françoise Dorléac. Ces deux œuvres lui permettent de remporter respectivement un Ours d’argent et un Ours d’or au Festival de Berlin en 1965 et en 1966. Produites par Gene Gutowski, elles marquent le début de la collaboration du cinéaste avec le scénariste Gérard Brach. En 1967, il retrouve ses deux collaborateurs et Krzysztof Komeda pour écrire, produire et mettre en scène la comédie horrifique Le Bal des vampires, qui se veut une parodie des productions de la Hammer[4]. Il y tient le haut de l'affiche avec la comédienne américaine Sharon Tate qu'il épouse le 20 janvier 1968.
Rosemary's Baby[modifier]Après ces succès critiques et commerciaux, Roman Polanski réalise, pour la Paramount, son premier film hollywoodien en 1968 : le thriller fantastique Rosemary's Baby adapté du best-seller éponyme d'Ira Levin. Mia Farrow y interprète, au côté de John Cassavetes une jeune femme victime d'une secte de sorciers octogénaires adorateurs de Satan qui fait d'elle la mère de l’Antéchrist. Ce film d'épouvante se hisse au sommet du box-office de 1968 et lance la mode des thrillers sataniques (L'Exorciste, La Malédiction...). Ce succès est en large partie dû à la rencontre du cinéaste avec le producteur Robert Evans[5]. Reconnu comme l'un des meilleurs films fantastiques de tous les temps par sa manière de suggérer l'horreur et de jouer de l'angoisse quotidienne[6], Rosemary's Baby glane deux nominations aux Oscars 1968. Ruth Gordon, figure tutélaire du film, est récompensée par la statuette du meilleur second rôle.
Au faîte de sa gloire, Polanski est néanmoins ébranlé par un nouveau drame dans sa vie : alors qu'il est en pleine préparation d'un film au Royaume-Uni, sa femme Sharon Tate, enceinte de huit mois, trois de leurs amis proches, et un ami du jeune gardien de la propriété sont assassinés dans la demeure du couple, à Los Angeles sur Cielo Drive, par des proches de Charles Manson, gourou d'une secte appelée « la Famille ».
Les années noires puis l’embellie grâce à Chinatown[modifier]Malgré la dépression qu'il traverse[7], Polanski se plonge dans le travail et part pour la Grande-Bretagne tourner une adaptation grandiloquente et violente de William Shakespeare : Macbeth, produite en partie par Hugh Hefner et la filiale de production du groupe Playboy. Le film est mal compris et se solde par un échec. En 1972, il part un temps pour l'Italie afin d'y tourner une comédie grinçante à l'humour absurde avec Marcello Mastroianni : Quoi ?. Malgré le plébiscite de la presse, le film est un nouvel échec.
En 1974, il s'attèle à la mise en scène de l'opéra d'Alban Berg, Lulu, pour le festival de Spolète en Italie. La même année, revenu à Hollywood, il goûte à la plus belle réussite critique et publique de sa carrière grâce au drame policier Chinatown, conçu comme un hommage au film noir américain. Le film marque ses retrouvailles avec son ami producteur Bob Evans qui réalise lui aussi l'un de ses plus beaux succès professionnels. Chinatown qui a coûté six millions de dollars en rapporte trente rien qu'aux États-Unis. Le visage au nez pansé de Jack Nicholson, interprétant J.J. Gittes, un détective privé fanfaron, entre dans l'histoire du cinéma. Le rôle de la femme fatale est, lui, attribué à Faye Dunaway (dont les relations avec le metteur en scène ont été désastreuses durant le tournage). Les deux stars principales se font voler la vedette par le rôle secondaire de Noah Cross accordé au cinéaste John Huston. Grand vainqueur des Golden Globes en 1975, le film reçoit onze nominations aux Oscars. Mais seul le trophée du meilleur scénario original (signé Robert Towne) vient récompenser Chinatown, les votants ayant préféré cette année-là se tourner vers le deuxième opus de la série des Parrain, réalisée par Francis Ford Coppola.
Polanski revient ensuite un temps en France, à Paris où il concrétise un vieux projet d'adaptation du roman de Roland Topor, Le Locataire chimérique. Le Locataire, qu'il fait éclairer par Sven Nykvist puis qu'il réalise et joue aux côtés d'Isabelle Adjani et de Shelley Winters, voit le jour en 1976. Cependant, même si l'étrangeté paranoïaque et cauchemardesque du récit séduit une fois de plus les critiques qui considèrent encore aujourd'hui cette œuvre comme l'une de ses plus abouties, cette fable sur l'aliénation urbaine et l'anomie sociale, d'une fantaisie noire proche du délire hallucinatoire, ne rencontre pas le succès escompté. Polanski assure la même année la direction scénique du Rigoletto de Giuseppe Verdi pour l'Opéra de Munich.
1979-1999
Revenu à Paris, le metteur en scène s'attèle à une entreprise de grande ampleur dont Claude Berri est le principal producteur : en mémoire de sa défunte épouse Sharon Tate, il réalise un mélodrame rural et romantique, Tess. Il s'agit de l'adaptation du roman de Thomas Hardy, Tess d'Urberville, qui évoque les malheurs d'une jeune paysanne sous l'ère victorienne. Succès critique et public, le film croule sous une avalanche de prix dont trois Césars en 1980 (ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure photographie pour Ghislain Cloquet et Geoffrey Unsworth) et trois Oscars en 1981 (meilleure photographie, meilleurs décors et meilleurs costumes). Le cinéaste avait entretenu une idylle, à partir de 1976, avec l'actrice du rôle-titre, Nastassja Kinski[8],[9]. Kinski avait alors 15 ans. Tous deux démentirent leur relation[10]. Polanski passe ensuite par le théâtre avec Amadeus de Peter Shaffer, qu'il met en scène et interprète au côté de François Périer. Il publie en 1984, aux éditions Robert Laffont, son autobiographie : Roman par Polanski.
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