L'expérience de mort imminente (EMI)

L'expérience de mort imminente (EMI)

L'expérience de mort imminente (EMI) désigne un ensemble de « sensations » vécues par certains individus pendant un coma avancé ou une mort clinique avant qu'ils soient réanimés et dont ils témoignent souvent comme d'une possibilité que la conscience survive à la mort. Synonymes : « expérience aux frontières de la mort », « expérience de mort approchée » (EMA), « expérience de mort-retour », « near-death experience » (NDE).

Après avoir repris conscience, certains de ces patients font un récit qui présente des similitudes : décorporation, conviction d'être mort et cependant conscient mais dans un corps immatériel (ou corps astral), déplacement le long d'un tunnel, vision d'une lumière intense, rencontre avec des personnes décédées ou des « êtres de lumière », remémoration en accéléré de sa propre existence, prises de conscience, etc. Dans la majorité des cas, l'expérience est jugée agréable et qualifiée de « lumineuse », avec une connotation mystique, au point que la personne éprouverait ensuite des difficultés pour revenir à la réalité matérielle du monde[4]. 4 % des personnes décrivent cependant cette expérience comme effrayante ou désespérante[5]. Certaines études fiables menées dans des contextes différents contestent ces chiffres et montrent une grande variation du sentiment agréable/désagréable en fonction du milieu culturel et religieux[6]. L'expérience « modèle » de mort imminente, selon Raymond Moody, se présente ainsi : « Voici donc un homme qui meurt, et, tandis qu’il atteint le paroxysme de la détresse physique, il entend le médecin constater son décès. Il commence alors à percevoir un bruit désagréable, comme un fort timbre de sonnerie ou un bourdonnement, et dans le même temps il se sent emporté avec une grande rapidité à travers un obscur et long tunnel. Après quoi il se retrouve soudain hors de son corps physique, sans quitter toutefois son environnement immédiat ; il aperçoit son propre corps à distance, comme en spectateur. Il observe de ce point de vue privilégié les tentatives de réanimation dont son corps fait l’objet (...) Bientôt, d’autres évènements se produisent : d’autres êtres s’avancent à sa rencontre, paraissant vouloir lui venir en aide ; il entrevoit les esprits de parents et d’amis décédés avant lui (...) Mais il constate alors qu’il lui faut revenir en arrière, que le temps de mourir n’est pas encore venu pour lui. A cet instant, il résiste, car il est désormais subjugué par le flux des évènements de l’après vie et ne souhaite pas ce retour (...) Par la suite, lorsqu’il tente d’expliquer à son entourage ce qu’il a éprouvé entre temps, il se heurte à différents obstacles. En premier lieu, il ne parvient pas à trouver des paroles humaines capables de décrire de façon adéquate cet épisode supraterrestre (...) Pourtant cette expérience marque profondément sa vie et bouleverse notamment toutes les idées qu’il s’était faites jusque là à propos de la mort et de ses rapports avec la vie. » — Raymond Moody, Lumières nouvelles sur la vie après la vie, 1977, trad., J'ai lu, pp. 36-37. Il est à noter que ce phénomène de décorporation n'est pas exclusif à l'EMI, certaines personnes qui ne sont pas mortes ou plongées dans un coma rapportent « sortir de leur corps » lors de méditation ou au moment de s'endormir. C'est ce qu'on appelle le « voyage astral » ou « voyage hors du corps ». Par contre dans le voyage astral les personnes ne voient pas le tunnel et la lumière, ils restent sur le plan terrestre et sont reliés à leurs corps via un cordon immatériel. Ils disent pouvoir voyager à la vitesse de leur pensée et par conséquent ils peuvent se rendre dans des lieux, des pays qu'ils ont toujours rêvé de visiter et même monter très haut dans l'espace pour observer la terre[7]. Un aspect mérite attention, celui de la connaissance paranormale, relevant soit de faits ordinaires soit d'expériences spirituelles. Les psychiatres, en général, soutiennent que l'expérience de mort imminente n'est qu'une impression, une sorte d'illusion en somme. Or, il semble que la victime rapporte des connaissances objectives, bien que paranormales.[réf. nécessaire] Il peut soutenir que sa conscience : 1.se détachait du corps, 2.se fixait à l'extérieur, par exemple au plafond, 3.recueillait des informations exactes, impossibles à retenir normalement, c'est-à-dire si sa conscience était restée rattachée au corps, 4.éprouvait des émotions de type moral, religieux, spirituel, comme la compassion, l'union mystique, la sympathie cosmique. Voici un exemple quelque peu « reconstruit », donné par le psychiatre Stanislav Grof, connu pour ses travaux sur les expériences sous LSD, comme fondateur de la « psychologie transpersonnelle » et promoteur de la « respiration holotropique » : « Un exemple intéressant d'expérience de sortie du corps véridique, en situation de mort imminente, est celui de Ted, un enseignant afro-américain de 26 ans, souffrant d'un cancer inopérable... L'équipe médicale s'était décidée à l'opérer... Nous apprîmes qu'au cours de l'opération, Ted avait eu deux arrêts cardiaques entraînant une mort clinique et qu'il avait dû être réanimé à deux reprises... Nous interrogeâmes Ted sur ce qu'il avait vécu... [1] Sa conscience se trouvait en haut du plafond et il n'arrivait pas à revenir dans son corps... [2] Il se mit à décrire avec précision ce que nous portions [comme vêtements] lors de notre précédente visite. Il ne faisait aucun doute qu'il avait perçu avec justesse les personnes présentes dans la pièce, alors que ses yeux étaient restés fermés. Il avait même remarqué à un moment des larmes couler sur les joues de Joan [Halifax]... [3] [Il vit] une lumière brillante, [accompagnée] d'un sentiment de sacré et d'une profonde paix intérieure. [4] Il voyait simultanément un film au plafond retraçant de façon très intense tout le mal qu'il avait fait dans sa vie. Devant ses yeux défilaient les visages de toutes les personnes qu'il avait tuées pendant la guerre, il ressentit la douleur et les souffrances de toutes les personnes auxquelles il avait fait du mal, tout au long de sa vie. » — Stanislav Grof, Quand l'impossible arrive, 2007, Guy Trédaniel éditeur, pp. 205-207. Il faut également parler de ce que le Docteur Raymond Moody appelle les « expériences de mort partagée » dans son dernier ouvrage intitulé Témoins de la vie après la vie[8]. Les expériences de mort partagée ressemblent à s’y méprendre aux expériences de mort imminente (décorporation, vision autoscopique, lumière mystique, sentiment exacerbé de bien-être, d’amour et de paix, etc.) à un détail près : elles sont vécues par des gens en bonne santé, physique et (logiquement)[9] psychologique, et qui par conséquent ne sont pas au bord de la mort – si ce n’est à proximité d’un mort ; car l’une des caractéristiques majeures de ces expériences de mort partagée est celle-ci : c’est au moment du décès d’un proche qu’elles se manifestent. Nombreux sont les époux, les parents, les enfants, les infirmières [10] qui témoignent de ce phénomène « au moins aussi anciens que la médecine elle-même »[11]. Ils se tiennent tout près du corps fraîchement décédé[12], et soudainement, ils se sentent transportés ailleurs, comme échappés de leur propre corps, immergés dans une intense lumière qui cependant n’aveugle pas, et ils « participent » dans la paix et l’amour au départ du proche (ou du patient) après avoir généralement visualisé à ses côtés le film de sa vie. Voici comment est exposé dans Témoins de la vie après la vie le récit modèle d’une telle expérience : « Une femme appelée Jane est assise auprès de son mari, en phase terminale d’un cancer, après trente ans de vie commune. Il a perdu conscience et, d’après le médecin qui le soigne, sa mort est imminente. (…) Tandis qu’elle le regarde, une brume blanche s’élève et se dissipe dans l’air au-dessus de lui. (…) Soudain, la chambre s’éclaire et s’emplit d’une lumière blanche dans laquelle dansent des particules. Jane, qui se sent un peu étourdie, comprend tout à coup qu’elle a quitté son corps et qu’elle flotte non loin du plafond de la chambre. Elle se voit en bas, assise auprès du cadavre de son mari, ce qui lui parait bizarre car elle le sent en même temps non loin d’elle. Elle tourne la tête et le voit qui lui sourit (…). Le couple continue à planer tandis que des scènes de leur vie surgissent autour d’eux. Ils voyagent dans leur passé en voyant défiler ces fragments dont certains se présentent de façon panoramique ; (…). Parmi ses scènes, se trouvent des séquences dont Jane ne fait partie, des scènes de la vie de son mari. (…) Ensemble, ils se déplacent vers un coin de la chambre qui n’est plus à angle droit. Toute la pièce a changé de forme et semble continuer à se transformer (…). C’est peut-être dû à cette ouverture, à ce tube qui semble se dilater près du plafond, comme une porte vers un ailleurs. Jane et son mari y pénètrent (…) [et] débouchent dans un paysage édénique. Autour d’eux, tout n’est que beauté. (…) Jane et son mari marchent sur un sentier qui descend vers un cours d’eau. Comme ils s’en approchent, Jane se rend compte qu’elle ne peut pas aller plus loin. (…) Elle est heureuse pour son mari qui ne souffre plus et n’a plus de corps mortel. Elle prend congé de lui et, en un éclair, se retrouve dans son corps de chair et d’os, assise auprès de celui, inerte, de son mari [13](…) ». Plus succinctement, Raymond Moody analyse SEPT éléments constitutifs de ce phénomène[14] : 1) « Le changement de géométrie » : la pièce semble « se muer » en quelque chose d’autre, elle « s’étire et s’effondre en même temps, [dessinant comme] une géométrie alternative" dit un expérienceur mathématicien [15]. 2) « Une immersion dans une lumière mystique » : source de pureté, d’amour, de paix. 3) « Une musique et des sons musicaux » accompagnent l’expérience. 4) « Décorporation » de l’expérienceur et de la personne décédée. 5) Ils revivent ensemble « le film du passé » du défunt : « Je me tenais devant ce qui ressemblait à un vaste écran avec mon mari qui venait de mourir et nous regardions sa vie se dérouler sous nos yeux. Certaines des choses que j’ai vues, je les ignorais complètement jusqu'alors [16] » 6) « Découverte d’un paysage irréel ou édénique » 7) « La brume au moment de la mort » : celle-ci correspond à une espèce de fumée blanche qui s’échappe du corps défunt et prend parfois une forme humaine. Sans guère entrer plus avant dans les détails, il faut souligner l’intérêt majeur de l’étude de ces expériences de mort partagée : parce qu’elles sont vécues par des « cerveaux » sains, vifs et vivants, correctement oxygénés, et qui ne souffrent a priori d’aucunes défectuosités chimiques du cerveau liées à l’imminence de la mort, il est assez difficile de les critiquer sur les seuls critères biochimiques (hypercapnie, anoxie, etc.). Elles peuvent même apparaitre pour certains comme une nouvelle preuve en faveur d’une conscience désincarnée qui ne serait pas le pur produit du cerveau, voire comme une remise en question de la réalité telle qu’on la perçoit [17]. Néanmoins, comme l’indique à la fin de son ouvrage Raymond Moody, les expériences de mort partagée restent un mystère inexpliqué à explorer et il annonce de son propre chef « les thèses qui deviendront sans doute dominantes pour expliquer ce surprenant phénomène [18]» : - Le système empathique - « Une activation du circuit imprimé du mysticisme » situé dans le lobe temporal droit - L’hystérie collective. Aspects généraux[modifier]D'après un article de Pim van Lommel publié dans la revue The Lancet du 15 décembre 2001, sur 344 patients réanimés d'un coma secondaire à un arrêt cardio-circulatoire, 18 % (62 patients) décrivaient une EMI. Les expériences de ce type sont en général très marquantes pour les sujets qui les vivent. Le retour à la conscience peut s'accompagner d'une certaine confusion entre l'EMI et la réalité et à une peur d'être considéré comme victime de maladie mentale. À plus long terme, on note fréquemment un développement de l'empathie, la remise en cause des priorités et la modification du mode de vie. Quelques répercussions ([2] Répercussions sur la conduite de la vie, p. 102-106.) : « Leur vie avait gagné en profondeur », « Réfléchir sur des problèmes philosophiques », « J'avais brusquement mûri », « [avant] j'agissais sous le coup d'impulsions ; maintenant je réfléchis ... tout passe par ma conscience », « J'ai été plus consciente de posséder un esprit qu'avant de posséder un corps », « Depuis lors, on m'a souvent fait remarquer que je produisais un effet calmant sur les gens », « Presque tous les témoignages mettent l'accent sur l'amour du prochain, unique et profond », « En outre ... importance de la recherche de la connaissance », « En aucun cas elle ne leur a inspiré l'idée d'un salut instantané ou d'une infaillibilité morale ». Les conclusions de l'étude de Pim van Lommel, en faveur de l'hypothèse survivaliste (c'est-à-dire que la conscience peut fonctionner totalement indépendamment du cerveau et, par conséquent, survivre à la mort de celui-ci), ont été critiquées par des mouvements sceptiques[19]. Bertrand Russell, dans Science et religion, estime qu'une survie de la conscience quelques instants après la mort ne garantit pas que celle-ci survive éternellement

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