Un étrange système planétaire
- Par Le Guide De La Critique
- Le 28/08/2011
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- Dans Arts et sciences
Un étrange système planétaire
Le satellite américain Kepler a découvert un étrange système planétaire dans la constellation du Cygne.
L’exoplanétologie, la plus jeune discipline de la plus ancienne des sciences, progresse à une vitesse prodigieuse, systématiquement plus rapide que ce que les chercheurs peuvent imaginer... En témoigne l’incroyable découverte que vient de réaliser le télescope spatial Kepler. Ce ne sont pas moins de six planètes, tournant autour d’une étoile de type solaire, que l’équipe américaine de Jack Lissauer, Faniel Fabrycky, Geoffrey Marcy, David Charbonneau et leurs collaborateurs, a découvert. Six ? Les astronomes européens n’ont-ils pas découvert sept planètes dans le système de HD 10180, et notre propre système solaire ne compte t-il pas huit planètes ? Si, mais le système de l’étoile Kepler-11 est radicalement différent de tout ce que l’on connaissait jusqu’à aujourd’hui... Au vrai, il semble bien que personne, dans la communauté astronomique, ne s’attendait à cela.
Mais commençons par le commencement : le satellite Kepler est équipé d’un télescope de 95 centimètres de diamètre, il observe continûment une région du ciel, située en pleine Voie lactée, dans la constellation du Cygne. Son capteur CCD à grand champ enregistre en permanence la lumière d’une centaine de milliers d’étoiles, et les astronomes, grâce à des programmes de détection automatiques, cherchent dans ce gigantesque flux d’informations les éclipses de certaines de ces étoiles par leurs planètes... Cette technique d’observation, utilisée aussi par l’équipe du télescope spatial franco-européen Corot, est très précise et permet de déterminer le diamètre des planètes découvertes (une vingtaine, à ce jour, en tout, pour Corot et Kepler). L’équipe de Kepler vient donc de réaliser une époustouflante première, puisque ce sont six planètes qui ont été découvertes autour de l’étoile Kepler-11. Cette étoile, d’après les mesures effectuées par le télescope géant Keck depuis l’observatoire du Mauna Kea, à Hawaï, est une étoile de type solaire, de masse et diamètre équivalents à celui de notre étoile. Kepler-11, en revanche, serait plus âgée que le Soleil : 6 à 10 milliards d’années, contre 4,5 milliards d’années pour notre étoile. Les six planètes trouvées, appelées Kepler-11 b, c, d, e, f et g, ont, en tout, transité devant leur étoile plus d’une centaine de fois ! La mesure précise de ces mini éclipses – la durée, la baisse de lumière, son éphéméride exacte, etc - a permis de déterminer avec une impressionnante précision le diamètre et même la masse de ces planètes... Il s’agit d’astres probablement rocheux et recouvert d’une épaisse et brûlante atmosphère, dont la taille s’échelonne entre 1,97 et 3,66 fois le diamètre de la Terre, pour une masse comprise entre 2,3 fois celle de la Terre et la masse de Jupiter. En clair, à part Kepler-11 g, qui pourrait ressembler à Jupiter, ces astres ne ressemblent à rien de connu actuellement dans le système solaire, Kepler-11 b, c, d, e, f évoquant plutôt des « super Terre » ou de petites « Uranus » ou « Neptune », à ceci près que, très proches de leur étoile, elles doivent être brûlantes et être portées à des températures de 500 °C à 1000 °C... En effet, la caractéristique la plus étonnante du système de Kepler-11, c’est cela : les six planètes découvertes sont rassemblées à l’intérieur d’un cercle de 69 millions de km seulement, ce qui correspond à l’orbite de Mercure dans notre propre système solaire ! Comment un tel rassemblement planétaire peut-il demeurer stable des milliards d’années durant ? Comment ces planètes massives ont-elles pu se former si près de leur étoile ? Les astronomes ne le savent pas. Ils vont continuer à suivre avec le satellite Kepler, et probablement désormais, avec une armada de télescopes, dans les observatoires et dans l’espace, ce singulier système planétaire.
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