L'Etat joue avec le feu nounous, soutien scolaire, ménage...
- Par Le Guide De La Critique
- Le 29/08/2011
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- Dans Actualités et événements
Interview - En plein débat sur les niches fiscales, la présidente de la Fédération des Particuliers-employeurs s'inquiète des menaces sur les aides aux emplois à domicile. Elle craint un retour au travail au noir
Nounous, soutien scolaire, ménage, assistants de vie... Plus de trois millions de Français plébiscitent ces emplois soutenus par l'Etat via des réductions et crédit d'impôts. Mais en ces temps de vaches maigres, le coût de ce dispositif est mis en cause par un rapport de l'Inspection des finances qui le juge peu efficace (Voir notre article). Interrogée par TF1 News, la présidente de la Fédération des Particuliers-employeurs de France craint un retour au travail au noir pour les 1,7 million d'employés du secteur
TF1 News : Ce week-end, un rapport public a stigmatisé les avantages fiscaux des particuliers employant des personnes à leur domicile. La ministre du budget Valérie Pécresse a réagi lundi en promettant de ne pas les supprimer au nom de l'emploi. Etes-vous rassurée?
Marie-Béatrice Levaux, présidente de la Fédération des Particuliers-employeurs de France (Fepem) : Je reste très inquiète. Même si je salue cette intervention rapide de Valérie Pécresse, je pense que l'on joue encore une fois avec le feu. Déjà, l'année dernière, nos concitoyens avaient dû subir cette incertitude sur le maintien des aides qu'ils reçoivent pour employer à domicile. Par ailleurs, la suppression brutale et définitive des allégements de charge depuis janvier a renchéri de 12% le coût du travail pour ces particulier-employeurs. Cela a déjà coûté 8.000 emplois. Pour le seul premier trimestre !
TF1 News : Vous reprochez maintenant aux pouvoirs publics de gâcher la rentrée...
M.-B. L. : Oui, car la période de septembre est le moment où les couples actifs trouvent une solution pour la garde de leurs enfants, où de jeunes mères reprennent le travail après leur grossesse, où l'on se décide à se faire aider pour le ménage quelques heures par semaine... C'est aussi là que l'on s'organise pour les personnes en perte d'autonomie. Or, notre secteur se caractérise par un grand nombre de CDI à temps partiels. On ne peut pas changer tout le temps les règles car les ménages doivent boucler leur budget et cette incertitude leur est insupportable.
TF1 News : Quel est le risque?
M.-B. L. : On ne crée pas un emploi pour payer moins d'impôts mais parce qu'il y a un besoin, qui va d'ailleurs en grandissant. Ces emplois seront donc créés de toute façon mais ne seront plus déclarés. Ce seront des emplois au noir... C'est ce qui se passe en Espagne ou en Italie.
TF1 News : Selon le rapport de l'Inspection des finances, les aides sont "surcalibrées" au regard de cet objectif de lutte contre le travail au noir. Il ne condamne pas l'intention mais son coût...
M.-B. L. : Le problème de ce rapport, c'est que c'est une évaluation purement comptable - et étroite - des services de l'Etat. Elle ne prend pas en compte tous les effets vertueux. Tous les ans, nous injectons 10 milliards d'euros de salaires dans l'économie, et nous versons 6 milliards de cotisations aux caisses de sécurité sociale. Le dispositif coûtant 3 milliards, le solde est donc positif pour l'Etat.
TF1 News : Il faudra pourtant faire des économies. Chaque secteur ou lobby n'est-il pas condamné à défendre sa niche?
M.-B. L. : Nous ne sommes pas un lobby mais les Français ! Contrairement à ce qu'on entend parfois, les aides ne favorisent pas les personnes les plus aisées. Par exemple, les crédits d'impôts concernent précisément ceux qui n'en payent pas, c'est-à-dire les ménages modestes. Personne ne serait gagnant à les voir disparaitre.
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