Comment abordent-ils leur rentrée en primaire
- Par Le Guide De La Critique
- Le 24/08/2011
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- Dans Actualités et événements
Après Ségolène Royal, Manuel Valls, François Hollande, Jean-Michel Ballet et Arnaud Montebourg, Martine Aubry Le temps est venu pour Aubry, Hollande, Royal et les autres d'entrer en compétition. Revue des stratégies à deux jours de La Rochelle
Qui sortira vainqueur de la primaire ? Alors que les Français ont encore l'esprit vacancier, les socialistes sont, eux, déjà de plein pied dans la compétition interne qui se terminera par un vote les 9 et 16 octobre prochains. Et s'ils ont chacun leur préférence, tous s'accordent à dire que le petit jeu des pronostics est particulièrement délicat pour cette primaire tant les inconnues sont nombreuses pour cet exercice inédit en France. Petite revue stratégique de chacun
Hollande, "le neuf"
Qui aurait donné quelque chance à François Hollande en 2008, perçu alors comme un ancien Premier secrétaire has been et mou. Mais fort de son expérience de 2006 où il laisse passer le train, il commence alors un énorme travail de transformation personnelle et physique pour incarner enfin son ambition présidentielle. Persuadé qu'il a une carte à jouer en 2012, DSK ou pas, il s'arrache à son image du "mec sympa" dont le grand talent était "les synthèses molles", selon ses détracteurs de la rue de Solférino. Objectif : montrer le possible homme d'Etat qui se cachait derrière le si malin stratège. La mise hors course de l'ancien directeur du FMI en juin le propulse naturellement au devant de la scène, porté très vite par des sondages le donnant favori de la primaire. Il reprend alors le créneau social-démocrate que portait intrinsèquement DSK.
Entrecoupé de quelques jours de repos dans le sud-ouest avec photos dans Closer en prime, son été est plutôt studieux. Non pas dans les dossiers mais sur le terrain car François Hollande n'aime rien tant que le contact dans les déplacements, à la manière d'un Chirac qu'il a beaucoup observé en Corrèze, son fief. Il croit à la politique à l'ancienne, où le net ne fait pas tout, et où les centaines de kilomètres avalés dans les fédérations socialistes peuvent se révéler payants au moment de la primaire. Mais homme de son époque aussi, il croit dans l'efficacité des médias bien utilisés. Réactif, il est le premier à dégainer mi-août lorsque la crise de la dette réveilla les Français dans leur torpeur estival. Et François Hollande en est persuadé, il est l'homme qui correspond au moment, celui d'une crise qui provoque chez les Français une demande de rigueur dans la gestion avec en priorité la réduction des inégalités.
Depuis son entrée en campagne dès la fin des régionales, il martèle le besoin urgent d'une grande réforme fiscale qui taxera plus équitablement les ménages français. Une hausse d'impôts, que certains croient en coulisses inévitable vu la dette, ne lui fait pas peur. A condition que la justice soit au rendez-vous. La jeunesse est son autre grande priorité, persuadé que le "rêve français" nécessite une jeune génération remise en mouvement. Peu adepte des emplois jeunes chères à Martine Aubry ou encore de la démondialisation d'Arnaud Montebourg, il se vante d'incarner un discours réformiste "cohérent" qui dit "la vérité" aux Français. Raymond Barre de gauche ? Ses amis contestent la comparaison mais constatent que ce positionnement est en cette rentrée celui qui le met en pole position des sondages. Et ils sont persuadés que les votants à la primaire sélectionneront celui qui sera le plus capable de battre Nicolas Sarkozy au premier, puis au second tour. Une logique d'opinion est à l'œuvre, contre les réseaux d'appareil. Un appareil qui est d'ailleurs critiqué par Pierre Moscovici qui craint que Martine Aubry soit favorisée dans le processus de campagne.
Aubry, "la sérieuse"
« L'événement de New-York » en mai a contrarié la stratégie de Martine Aubry qui n'avait à priori pas l'ambition d'être candidate à la présidentielle. Passé la stupeur et le choc, la Première secrétaire a dû se résoudre à aller au combat, malgré une déception devant l'attitude de nombreux dirigeants socialistes, plus enclins à lui réclamer des postes futurs qu'à lui parler de l'avenir de la France, comme le racontent Marion Mourgue et Rosalie Lucas dans un livre à paraître mercredi*. Avec l'encouragement de son cercle rapproché et de grands dirigeants comme Laurent Fabius, Jean-Christophe Cambadélis ou Bertrand Delanoë, elle a préparé son plan de bataille cet été, dans la discrétion de ses vacances en Bretagne ou au Québec. « Martine ne court pas les médias mais c'est une bosseuse. Quand elle y va, elle y va », confie un strauss-kahnien. Révélée lundi soir sur TF1, la lettre aux Français a notamment fait partie de cette stratégie de rentrée. « L'idée a germé en juin, au moment de sa déclaration de candidature », confie son entourage. Elle souhaitait établir un lien direct avec les électeurs ». A la manière d'un François Mitterrand en 1988.
En cette fin août, celle à qui l'on reproche souvent d'avoir du retard à l'allumage met les bouchées doubles. Enchaînant passages tv et radio, elle est bien décidée à jouer pleinement sa carte, celle d'une candidate « sérieuse » et « ambitieuse pour la France ». Par « sérieuse », elle entend couper court à toutes les accusations de laxisme budgétaire que voudraient lui coller la droite mais aussi les soutiens de François Hollande. Par « ambitieuse », elle souhaite de façon subliminale se démarquer de son rival corrézien qui parlerait trop de rigueur des finances publiques. « Changer le système », « relancer la croissance » , « faire baisser le chômage », telles sont les phrases choisies par la maire de Lille pour sa campagne, autant de marqueurs de gauche qui peuvent mieux séduire les votants de la primaire, par définition plus politisés. Bien que distancée dans les sondages par François Hollande, ses proches parient sur une réédition de la surprise Joly lors de la bataille avec Hulot pourtant donné favori.
"Royal, la fonceuse"
Elle avance inexorablement, imperturbable derrière son sourire toujours impeccable. Faisant croire qu'elle se moque des enquêtes d'opinion qui semaine après semaine la placent loin derrière le duo Hollande-Aubry, Ségolène Royal n'entend pas lâcher l'affaire. Bien au contraire. Persuadée, avec raison, qu'elle garde un contact intact avec certaines couches de la population, moins politisées et plus paupérisées, elle croit dans sa capacité de créer la surprise au premier tour de la primaire le 9 octobre. « Elle peut tout à fait surperformer si ses réseaux de Désirs d'avenir mobilisent bien », affirme un cadre de Solférino.
Sûre de sa force intérieure et de son expérience de 2007, la présidente de Poitou-Charentes n'a quasiment pas pris de vacances cet été pour montrer aux sympathisants qu'on peut toujours compter sur elle. Entre déplacements auprès de salariés en difficultés et rencontres avec la presse dans un Paris désert, Ségolène Royal a délivré son crédo sur l' encadrement militaire » des jeunes délinquants, la nécessité de « mettre au pas » les banques et sur « les solutions » qui existent pour contrer la crise. Se distinguant de ses rivaux, elle ne souhaite pas une hausse des impôts en cas de victoire de la gauche, leur laissant par là le créneau de la rigueur occupée aussi par la droite.
Valls, "le trublion"
Le député-maire d'Evry a dû se résoudre à se lancer dans la primaire, après la chute de son champion et ami DSK. Sans se départir de son tempérament fougueux et fonceur, Manuel Valls entend réveiller la course socialiste par ses positions qu'il qualifie de « modernes » tout en les sachant minoritaires au sein de son parti. Dès le mois d'août, il a vu dans la violente crise de la dette une occasion de se distinguer de ses camarades en jouant les « père la rigueur », allant jusqu'à accepter la principe de la règle d'or proposée par Nicolas Sarkozy. Cette semaine, il demande également à ses camarades de revoir le projet PS qui aurait été rendu en partie caduc par le ralentissement de la croissance ces derniers mois. La primaire pour Manuel Valls n'est pas encore un enjeu de candidature pour 2012 mais sûrement de notoriété pour la suite...
Montebourg, le démondialisateur
Le fougueux avocat, qui s'est déclaré en novembre, se voit comme "le candidat des solutions nouvelles". Sa candidature, dit-il, "fait son chemin, parce qu'elle délivre un message de choix; la gauche n'est pas obligée d'entrer dans la mécanique de l'austérité de la droite". "Ma candidature, je l'ai placée sous le signe de la reconquête de l'économie par la politique. L'actualité me donne toute la légitimité pour poursuivre et pour persévérer", ajoute-t-il. L'auteur du livret-manifeste "Votez pour la démondialisation" qui "a dépassé les 40.000 exemplaires" et "sera traduit en septembre en espagnol", entend en effet s'adresser "à la majorité oubliée par le système économique et politique, les perdants de la mondialisation, qui sont majoritaires en France". Comme Manuel Valls, il joue le coup d'après, 2017
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