100 millions de tonnes de déchets en plein milieu de l'océan Pacifique
- Par Le Guide De La Critique
- Le 28/04/2012
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- Dans Actualités et événements
CHRONIQUE Bille en tête - "Chaque civilisation a les ordures qu'elle mérite", Georges Duhamel avait raison. On l'appelle le 6e continent. Une masse difforme, une immense décharge flottante en plein milieu de l'océan pacifique nord.
Imaginez le tableau... 100 millions de tonnes de déchets, plus 30 mètres de profondeur par endroit, 3,43 millions de km²... Une décharge flottante, à ciel ouvert, 6 fois plus grande que la France qui se déplace au gré des vents, en plein milieu de l'océan Pacifique nord. Impressionnant ! Oui, on peut le dire. Dégueulasse, crade, aussi. Insupportable, inadmissible, également. Et pourtant, d'après Greenpeace, cette masse infâme est composée à 80% de débris provenant des continents. Et quand Greenpeace parle des continents, c'est une façon élégante de dire les hommes..
Alléluia ! L'honneur est sauf. Cette zone est située en plein coeur de l'océan Pacifique. A l'opposé de la France, notre cher pays... On n'est donc objectivement pas responsables de ce carnage. Les coupables ? Ces crétins d'Américains et d'Asiatiques qui se foutent de la planète, forcément. Ils balancent sans vergogne des containers en plastique, filets de pêche, pneus et bouteilles et même des meubles qui se transforment en particules si fines et si translucides que les satellites n'arrivent pas à les cartographier avec précision.
"Tous les courants mènent à l'océan"
Eh non, ce n'est pas si simple... Car il faut compter sur les courants marins. Ceux qui nous intéressent ici, ce sont les courants océaniques. Dans cette région du globe, sous l'effet de la force de Coriolis (comme l'opérateur de téléphonie mobile, très drôle), les courants tourbillonnent dans le sens des aiguilles d'une montre. Des gigantesques tourbillons qui charrient, depuis des années, des déchets stagnants vers le centre.
Depuis quand exactement ? Difficile à dire. En revanche c'est le navigateur Charles Moore qui a découvert cette décharge par hasard, en 1999, lors d'une expédition. Depuis, seules deux expéditions américaines se sont rendues sur place en 2006 en 2009.
Ce n'est pas moi, c'est l'autre !
Mais pourquoi se soucier d'une zone perdue au milieu de nulle part, située dans les eaux internationales, qui n'appartient à personne et donc n'intéresse finalement personne ? Parce que cette immondice est constituée de 6 fois plus de déchets plastiques que de plancton, la base de la chaîne alimentaire pour les animaux marins de la région. Les tortues Luth et les dauphins confondent les sacs plastiques avec les méduses. Les albatros gavés de détritus ne peuvent plus s'envoler. Les autres finissent par mourir affamés le ventre plein.
Vous voulez des preuves ? Les voilà, et c'est sans truquage, comme l'indique Chris Jordan, l'auteur des photos.
Deux initiatives françaises
Enfin si. Quelques personnes s'y intéressent, heureusement. Voici deux initiatives. Elles sont françaises. Toutes deux souhaitent médiatiser leur démarche et éviter que cette plaque d'ordures ne soit plus étendue que la superficie de l'Europe dans 20 ans.
La première s'appelle "A la poursuite du 7e continent". Elle est dirigée par Ocean Scientific Logitic, nom anglo-saxon pour une association française ou plutôt guyanaise, à but non lucratif. L'objectif : informer le public sur les déchets en mer de l'impact de la pollution. Le 4 mai prochain, un équipage partira de Cayenne en Guyane. Direction le Pacifique nord. Pendant près de 6 semaines, il tentera d'apporter des preuves matérielles de l'existence de cette montagne de déchets et établir une cartographie précise des zones les plus contaminées. Pour suivre leur expédition cliquez ici.
La seconde est menée par la fédération nationale "Familles de France". Depuis début mars et jusqu'en juin prochain, elle sillonne la France avec une campagne itinérante de sensibilisation à la fragilité des écosystèmes marins et du respect de l'environnement : "à la découverte du 6e continent". Elle s'installe, quai de Javel, à Paris le 27 avril. Mardi 24 avril, Henri Joyeux, son président, a interpellé les deux candidats finalistes à l'élection présidentielle 2012 avec ces questions simples : "Quelles décisions comptez-vous prendre pour renforcer ou faire appliquer les mesures permettant de réduire les déchets sur notre territoire ? Amende écologique ou tolérance zéro ? Harmonisation de la signalétique des consignes de tri ? Education à l'écocitoyenneté ?". Leur réponse est attendue sous peu. On vous tiendra au courant...
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